Pourquoi étudier les normales ?
Les normales climatiques permettent de caractériser le climat sur un lieu donné, pour une période donnée de 30 ans. Il s’agit d’un outil statistique de référence pour l’étude du climat.
Le concept de normales climatiques est apparu au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et était basé sur le principe que le climat était constant à des échelles décennales à centennales.
Or il est constaté que le climat évolue à ces échelles de temps, sous les effets conjugués de sa variabilité naturelle et des activités humaines.
Météo-France, qui travaillait sur la base des données de la période 1981-2010, a entrepris de calculer les nouvelles normales sur la période 1991-2020.
Le calcul des normales concerne toutes les variables du climat (température, précipitation, vent, ensoleillement…), mais aussi de nombreux indicateurs illustrant la distribution statistique de ces paramètres : moyenne, records, nombre de jours au-dessus d’un seuil…
Pour la France
Depuis 1900, la température moyenne en France s’est réchauffée de 1,7°C. Chaque décennie depuis 1970 est plus chaude que la précédente. Ces dix dernières années, durant la période 2011-2020, la hausse atteint +0,6°C et marque la plus forte progression observée entre deux décennies en France depuis 1900.
La température moyenne sur la France métropolitaine est analysée au jour le jour via un indicateur thermique prenant en compte les données de 30 stations météorologiques disposant d’un historique ancien et régulièrement réparties sur le territoire.
Analogues climatiques :
En comparant le climat des années 1970 (normales 1961-1990) à celui d’aujourd’hui, en terme de température, Strasbourg a le climat du Lyon des années 1970, Besançon celui qu'a connu Clermont-Ferrand à cette époque.
On observe un net décalage du climat en 30 ans. Le nord du pays retrouve un climat proche de celui de l’ouest dans la France d’il y a trente ans.
Et Grand Besançon Métropole ?
Une station météorologique se situe à Dannemarie-sur-Crête au sein du lycée Granvelle (établissement public relevant du ministère de l’agriculture).
Cette station a été mise en place, en 1987, par Didier AUBRY, actuel Maire de MERCEY-LE-GRAND et ancien enseignant en classe de BTS.
A visée pédagogique, elle permettait au départ de faire le lien entre la météo quotidienne et les cultures (choix de la date des semis, suivi de la croissance, prévision de la date des récoltes…).
Cette station ayant aujourd’hui 37 ans, les données collectées (températures et pluviométrie) permettent d’ouvrir une fenêtre sur l’évolution de notre climat.
Méthodologie
Première mesure thermométrique :
En 1658, l’astronome Ismaël BOULLIAU est le premier savant français à recevoir un thermomètre, inventé récemment à Florence. Du 25 mai de cette année au 19 septembre 1660, il mesure et note quotidiennement les températures parisiennes depuis l’hôtel de Thou, rue des Poitevins, où il loge. Ses mesures sont le point de départ de la plus longue série de températures mensuelles (1668-2012) basée sur des mesures réelles.
En pratique :
Chaque jour, les températures minimale et maximale sont mesurées sous abris et permettent d’obtenir la température moyenne de la journée. Il existe des thermomètres conçus spécialement pour relever les extrema.
N.B. : Avec les outils modernes, il est possible de mesurer la températures en continu et d’obtenir la « vraie » moyenne. Toutefois, pour conserver la possibilité de comparer la température actuelle aux données collectées dès 1658, la méthode de calcul sur les extrema est conservée.
Des pluviomètres sont utilisés pour mesurer les précipitations chaque jour. Ils se composent d’un entonnoir de collecte et d’un dispositif de mesure gradué ou automatisé.
Traitement des données
Les données mensuelles sont regroupées en 3 décades compilées sous forme de moyennes et de sommes. Ainsi, juillet 2024 conduit aux données suivantes :
La somme des températures est comptabilisée en degré-jour (DJ) dans une base donnée de températures.
Par exemple, en base zéro, on somme chaque degré journalier au dessus de 0°C et certains végétaux ont un développement proportionnel à cette somme comme le blé et l’orge. Pour le maïs, le colza et la pomme de terre, on a besoin de cette somme en base 6 et la vigne nécessite la connaissance de la somme en base 10.
Ainsi, le maïs a besoin de 790 à 2.050 DJ (en base 6) du semis à la récolte en fonction de sa variété et de son utilisation (ensilage ou grain).
Chaque année, le début des vendanges est un marronnier du journal télévisé, sa date fluctue d’une année à l’autre et on constate que celle-ci a tendance à avancer au fil du temps.
Avec ce qui précède, il devient clair que la connaissance de la date des vendanges est un marqueur fiable de la fluctuation du climat et dans un pays comme la France, ces dates sont consignées depuis le XIVe siècle.
Illustration :
Dates d’ouverture des vendanges (Beaune 1371-2010)
En moyenne, les vendanges de Beaune débutent autour du 25 septembre sur la période 1371 - 2010.
Pour compléter sur la période récente, le document ci-dessous représente l’avancée progressive de la date de début des vendanges en France.
Données climatiques locales
Le premier graphique représente l’évolution de la température moyenne annuelle de la station du Lycée Granvelle depuis 1987 :
Passons maintenant aux températures normales, c’est-à-dire aux moyennes sur 30 ans. On constate que les fluctuations se réduisent considérablement pour faire apparaître une tendance :
A ce rythme, il faut 16 ans pour atteindre une augmentation de 1°C ou dit autrement, à ce rythme, c’est +6,2°C en 100 ans. C’est nettement supérieur à ce qui est constaté à la surface de la Terre. Cela nous rappelle que le réchauffement de la planète ne se joue pas partout à la même vitesse. Le quart Nord-Est et la Franche-Comté font parties des régions qui se réchauffent plus vite que le reste de la planète.
Côté pluviométrie ?
Avec la même démarche, il est possible d’observer l’évolution de la quantité de précipitations annuelles au fil du temps :
La baisse reste limitée (-3,6%), mais elle semble installée. Par ailleurs, si l’on regarde au fil de l’année, des tendances semblent apparaître :
Pour faire simple, il pleut moins en novembre et plus en mai. Cela n’est pas anecdotique. En effet, en novembre, la végétation ralentit et il fait froid. L’eau des précipitations restent donc disponible pour le sol. Elle s’infiltre pour remplir les nappes phréatiques. En mai, la végétation est en pleine croissance, elle consomme beaucoup d’eau et la température étant plus élevée, l’évaporation de l’eau est plus importante.
Conséquence, ce transfert des précipitations de novembre en faveur de mai se fait au détriment des sols et des nappes phréatiques. Cela précarise notre accès à l’eau en été.
Nous avons tous gardé un souvenir cuisant du Doubs totalement à sec de longs mois durant en 2022.
Photo ER/Anthony RIVAT
Et après ?
Plus que jamais, il va falloir regarder notre monde en face et prendre la mesure des changements nécessaires que ce soit pour s’adapter aux changements en cours ou pour infléchir notre trajectoire climatique.
Attendre que « les autres » changent, c’est oublier que nous sommes « les autres » !
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