Comment je suis devenu Vélotafeur
La trajectoire d'une vie

Samedi 18 mars 2023,

Depuis le 29 août 2022, il y a exactement 200 jours, j'en suis à 70 trajets Aller / Retour à vélo à destination de mon lieu de travail. Le chiffre me paraît faible en regard de l'expérience vécue.

Je m'interroge donc sur le nombre de fois où j'ai pris ma voiture sur la même période...

33 fois, soit 2 trajets vélo pour un trajet voiture, suis-je vraiment un vélotafeur ?

Qu'est-ce qu'un vélotafeur ?

Dixit Google : "Le vélotaf est une anagramme de vélo et taf (travail à faire). Il s'agit d'une nouvelle pratique qui consiste à utiliser la bicyclette pour les trajets domicile-travail, ou bien les déplacements professionnels."

Mes grand-parents étaient donc des vélotafeurs avant l'heure 😁 !

Drôle d'époque que la nôtre qui invente de nouveaux mots pour désigner des concepts qui existent depuis longtemps. Bon, il faut être honnête, mes grand-parents allaient au travail à vélo car ils n'avaient pas de voiture alors que la plupart des vélotafeurs ont une voiture dans leur garage ou pourraient en avoir une. On pourrait donc compléter la définition de Google en précisant que le vélotafeur a fait le choix du vélo comme mode de déplacement. 

Quelles motivations ?

Économie d'énergie,  économie financière, réduction de l'empreinte carbone, bénéfice pour la santé, reconnexion avec la nature, commodité, gain de temps ou tout simplement pour le plaisir.

Le principe du Blog est de partager une expérience personnelle avec tous ceux qui feront la démarche de vous lire. Je profite donc de cette fenêtre mise à disposition par le Club Climat pour partager mon expérience et permettre à chacun de faire son propre chemin et de devenir, qui sait, un futur vélotafeur.

Qui suis-je ?

Christophe, 50 ans, né en 1973 à Annecy, marié, 3 enfants, enseignant de chimie et de physique dans un lycée et depuis quelques années un élu de ma commune (2ème mandat).

S'appeler Christophe et être né en 1973 est d'une grande banalité, nous avons été jusqu'à 4 dans la même classe lorsque j'étais au collège !

Mon rapport au vélo

A travers mes grand-parents, je vois le vélo d'abord comme un moyen de déplacement, ma grand-mère faisait 15 km aller, 15 km retour, le dimanche quand elle voulait rendre visite à sa tante.

Enfant, il m'a donné accès à une forme d'autonomie ; je n'étais pas dépendant de mes parents pour aller chez mes copains. En 5 minutes, j'étais à l'autre bout du village.

Par ailleurs, il se trouve que mon grand-père paternel a été directeur de courses cyclistes. J'ai été baigné par le Tour de France, le Critérium du Dauphiné Libéré et la course annuelle organisée dans mon village. Le vélo, c'était également un sport qui m'a fait rêver.

Mais au fond, je crois que la plus grande satisfaction que m'apporte le vélo, c'est le sentiment de liberté qu'il me fait vivre encore aujourd'hui.

Aux origines

Le vélotaf, c'est choisir le vélo pour un déplacement d'ordre "professionnel". Mon expérience du vélotaf remonte donc au lycée (lieu de travail des ados). Comme la plupart des lycéens, j'étais dépendant d'un car scolaire pour aller au lycée. Je montais dans le bus à 7 h 20 pour être en cours à 8 h ... pfuuu ! 35 minutes pour faire 6 km alors qu'il me fallait moins de 20 minutes pour parcourir cette distance à vélo !

Chaque journée ensoleillée était l'occasion de prendre le temps le matin et de gagner 15 minutes sur l'heure du départ de la maison. Cette première expérience est, avant tout, une expérience positive associée à l'absence du stress de rater le car ou de voir l'heure tourner en craignant que le bus arrive en retard au lycée. A vélo, pas de stress je maitrise mon déplacement, en plus, j'ai le plaisir de prendre l'air, de varier mon itinéraire et de découvrir différents quartiers d'Annecy sur mon trajet. A cette époque, je n'ai aucun souvenir d'avoir souffert d'arriver un peu transpirant et mal coiffé (d'avoir porté un casque).

Car oui, une pièce a toujours deux faces. Sur son revers, il faut admettre que se déplacer à vélo expose à différents désagréments : transpiration, coiffure discutable, intempéries, fatigue, incidents mécaniques, aléas de circulation, nuit et risque de vol.

Les freins (sans jeux de mots)

Cela fait maintenant 35 ans que j'utilise mon vélo pour me déplacer plus ou moins régulièrement. Cela m'a laissé le temps de vivre un certain nombre d'expériences plus ou moins agréables.

Commençons par les moins agréables et voyons comment s'en prémunir :

  • La transpiration : Il y a deux réponses à cette problématique. La première relativement évidente est de savoir adapter ses vêtements à la température. C'est un vrai apprentissage qui passe par l'excès d'optimisme qui conduit à "se geler" sur son vélo, à l'excès de pessimisme sanctionné par une suée mémorable ! Avec l'expérience, on apprend à mieux adapter le nombre de "couches" dont on se couvre. La seconde est bizarrement moins intuitive pour moi. Se déplacer à vélo, ce n'est pas faire du sportTranquille, inutile d'appuyer sur les pédales comme si votre vie en dépendait. Le trajet que je fais actuellement me prend 10 minutes aller et 10 minutes retour. Je suis capable de le faire en moins de 7 minutes, mais ai-je besoin de gagner 3 minutes ? Parfois oui, mais la plupart du temps, je préfère partir 3 minutes plus tôt et rouler tranquille.

  • La fatigue : Il est inévitable de traverser des périodes de fatigue au cours de l'année. La meilleure solution reste de partir plus tôt et de rouler moins vite. Sachez que le vélo à assistance électrique est un bon moyen d'ajuster votre condition physique à l'effort à fournir lors de votre déplacement. Si vous ne souhaitez pas investir dans ce type de matériel relativement onéreux, le réseau Ginko propose une solution.

  • La coiffure : Ce point est loin d'être anecdotique ! Le port du casque n'est pas sans effets sur votre coiffure. Pour ma part, j'avoue avoir commencé par ne pas mettre de casque ... cela me donnait un air dynamique les cheveux aux vents. Mais très vite est venue la mauvaise saison et les oreilles exposées au froid m'ont fait reconsidérer la question. Le bonnet est quand même plus agréable dans ces conditions. Mais quitte à porter un bonnet, autant porter un casque, c'est quand même plus prudent. Ce n'est pas vraiment un problème pour moi d'avoir une coiffure "spéciale", surtout avec mes cheveux courts. Cependant, je sais que pour certain·e·s, ce point reste un gros problème et je peux le comprendre. La solution reste à trouver pour chacun. 

  • Les intempéries : Pour moi, c'était le plus gros frein, en particulier la pluie. Il faut être lucide, si on espère devenir un vélotafeur, il est indispensable d'investir dans des vêtements adaptés à toutes les circonstances. Les gants et le bonnet sont indispensables l'hiver, des vêtements "transpirants" pour la saison chaude et des vêtements étanches et bien ventilés pour les périodes pluvieuses. Pour ma part, j'ai une paire de chaussures Gore-Tex ® (à la fois étanches quand il pleut, ventilées pour l'été et chaudes pour l'hiver). Pour le haut, je porte une veste coupe-vent et waterproof (étanche) de la marque Odlo qui me sert toute l'année. Dessous, un gilet en matière polaire est un très bon compromis. En plus, en arrivant, si j'ai un peu chaud momentanément, je peux l'enlever sans me décoiffer 😁. En bas, je porte un jean en toute saison. Lorsqu'il pleut, j'ai un sur-pantalon Cintamani totalement étanche avec un système d'ouverture sur les côtés permettant de le mettre et de l'enlever sans avoir à se déchausser.

  • Les incidents mécaniques : Le vélo, pas plus que la voiture, n'échappe aux ennuis mécaniques ; risques de crevaison et de rupture de câble (freins ou dérailleur). Les routes que j’emprunte sont en bon état, je n'ai jamais connu de crevaison en 35 ans lors d'un trajet "déplacement". Par contre, j'ai connu des ruptures de câbles par usure, aussi bien pour les freins que pour le dérailleur. Il faut bien reconnaître qu'il s'agissait dans les deux cas de négligence d'entretien de ma part. Il y a un minimum à faire de ce côté là. Vérification de la pression des pneus, de l'usure des freins et des câbles, usure des pneus, lubrification de la chaine et des organes mécaniques. Un vélo qui fait du bruit est un vélo qui a besoin d'entretien ! Si on prend en compte ce symptôme, il n'y a pas de raisons que vous aillez de soucis de ce côté là. Plus largement, je suis convaincu que pour que le vélo soit votre mode de déplacement au quotidien, il faut l'aimer. Il doit vous plaire esthétiquement, bien rouler, vous donner un sentiment à la fois de confort et de sécurité. Vous allez passer beaucoup de temps avec lui autant que vous l’appréciez.

  • La nuit : Comme pour les vêtements et le casque, avoir un équipement d'éclairage de bonne qualité vous permettra de circuler avec une bonne visibilité participant ainsi à votre sécurité. Aujourd'hui, avec les batteries rechargeables et les LED, le commerce propose des éclairages particulièrement performant à des prix raisonnables. Il est bon de rappeler que le gilet de sécurité (il en existe des modèles plus ajustés que ceux de votre voiture) et un éclairage sont obligatoires pour circuler de nuit. Il peut également être préférable de choisir un itinéraire empruntant des pistes cyclables autant que possible lorsque les conditions de visibilité sont moins bonnes.

  • Le risque de vol : Chaque année, environ 400.000 vélos sont volés (100.000 sont retrouvés). Cela m'est arrivé deux fois à l'Université de Grenoble. J'ai eu la chance de le retrouver la première fois. Les systèmes de sécurité de type anti-vols ne sont pas infaillibles, ils ne font que retarder ou dissuader les voleurs. Le réflexe numéro un est donc de se renseigner auprès de son assurance pour connaitre la couverture proposée pour son vélo. En ce qui concerne le vélotaf, l'employeur est également un interlocuteur. Il peut proposer un parking sécurisé, un local spécialement dédié...

  • Les aléas de circulation : Vous vous déplacez au milieu des autres usagers de la route que sont : les piétons, les automobilistes et les véhicules plus imposants encore tels que les poids lourds. Les risques sont bien réels. Les chiffres provisoires pour 2022 sont : 3 260 tués dans les 30 jours après leur accident sur la route, dont 484 piétons, 34 utilisateurs d'engins de déplacement personnel (tels les trottinettes électriques), 244 cyclistes, 715 usagers de deux-roues motorisés, 1 563 occupants de voitures. Les cyclistes n'échappent pas aux dangers de la circulation routière. Il convient donc d'adapter votre itinéraire aux conditions de sécurité afin de réduire votre exposition aux risques qui, quoi que l'on fasse, ne seront jamais nuls. Je rappellerais quand même qu'à vélo, le risque est souvent inférieur à la perception qu'on en a. En effet, aucune carrosserie, ceinture de sécurité ni airbag (quoi que...) pour vous protéger, de fait, le risque est perçu avec plus d’acuité. L'expérience est alors un atout pour anticiper les comportements des autres usagers, le caractère glissant d'une chaussée, la présence de gravillons et tout autre danger qui se présenterait ; attention aux rails du tram par exemple ! Le partage d'expérience avec d'autres cyclistes vous fera gagner du temps. La règle de base sur un vélo est l'hypervigilance !

L'erreur à ne pas commettre...

Ne vous excusez pas d'être là ! Le vélo est un véhicule à part entière. Ne roulez pas trop au bord de la chaussée.

En effet, en vous positionnant trop près du bord de la route, vous laissez beaucoup de place que les automobilistes utiliseront pour vous dépasser. L'idéal est d'être à 60/80 cm du bord afin que les automobilistes soient obligés d'empiéter sur la voie de gauche pour vous déplacer. De ce fait, ils ne vous dépasseront que dans la mesure où aucun véhicule ne vient en face et ils s'écarteront lors du dépassement.

Dans le cas contraire, la distance réglementaire de 100 cm (en ville) ou 150 cm (hors agglomération) est rarement respectée conduisant à votre exposition à un risque d'accrochage excessif !

Lors de passage rétréci avec un sens de priorité en votre faveur : placez vous au centre de la voie pour dissuader les véhicules venant en sens inverse de s'engager malgré votre présence.


<<< Lien concernant le code de la route et les vélos >>>

Pourquoi maintenant ?

C'est une bonne question ! Si je fais le bilan du chemin parcouru, je constate qu'il aura fallu qu'un certain nombre de conditions soient réunies :

  • Que la distance domicile lieu de travail soit accessible à un déplacement à vélo ;

  • Que l'organisation familiale soit compatible avec un déplacement qui prend plus de temps ;

  • Que la bonne formule pour se déplacer à vélo émerge ;

  • Que des raisons extérieures exercent une forme de pression ;

  • Que je trouve la motivation et que le déclic psychologique s'opère ;

  • Que l'énergie d'agir soit au service d'un changement personnel.

La Distance : Mon domicile précédent se situait à 29 km de mon lieu de travail. Il me fallait traverser tout Besançon et la véloroute n'existait pas encore. C'est au bas mots 1 h 30 de déplacement à vélo aller et autant au retour. Au delà du temps qu'il faut consacrer à ses déplacements, c'est tout de même 58 km par jour. Sans assistance électrique cela demande une condition physique conséquente pour être maintenu de façon durable. Aujourd'hui, la distance à couvrir n'est plus que de 4 km aller / 4 km retour pour un total de 20 minutes de vélo chaque jour.

N.B. : N'oublions pas la question du dénivelé, sur Besançon la problématique est limitée, mais dans d'autres villes, cela peut également représenter un obstacle au même titre que la distance.

L'organisation familiale : A la période où les enfants sont petits, les parents passent leur temps à courir. Il faut les emmener à l'école ou chez la nounou puis "foncer" au travail. Forcément, difficile de décaler son heure de départ au travail parce qu'on a décidé de se déplacer à vélo. La situation devient beaucoup plus favorable lorsque les enfants commencent à prendre le bus pour aller à l'école.

Mais parfois les astres s'alignent et tout est faisable à vélo ...



Dans mon cas, mon emploi du temps m'a permis d'emmener les enfants à l'école à vélo pendant quelque temps, suscitant des réactions très positives ! Je décrochais la remorque et direction le travail toujours à vélo. Cette année là a été la première où j'ai vraiment utilisé mon vélo pour me rendre sur mon lieu de travail. J'ai cumulé 800 km sur l'année scolaire soit 100 A/R.

La bonne formule : Sur la photo ci-dessus, vous constaterez que le vélo que j'utilisais avec des limites, à commencer par l'absence de gardes-boue. Je n'avais pas non plus d'éclairage digne de ce nom. Ce VTT était également vieillissant et plus adapté à rouler dans les bois que sur la route. On ne peut pas dire qu'il était agréable à rouler au quotidien. Mais je continuais à l'utiliser car sa faible valeur économique me rassurait vis-à-vis de la question du vol. Les années passant, j'ai fini par utiliser mon vélo de course autrement plus efficace et je le rentrais à l'intérieur des bâtiments sur mon lieu de travail pour limiter les risques de vol. J'ai investi dans un éclairage puissant ainsi que dans des gardes-boue escamotables. Mes vêtements sont adaptés à toutes les conditions météo que je rencontre. J'ai aujourd'hui LA bonne formule. Je suis heureux de retrouver mon vélo chaque matin pour me rendre au travail !

Les raisons extérieures : Les années passant, le discours sur le climat a changé. Il est devenu de plus en plus évident que notre façon de vivre avait des conséquences sur l'évolution du climat. J'ai en mémoire la canicule de 2003 comme un événement qui a participé à la prise de conscience que quelque chose devait changer.

La motivation : Il faut être honnête, il faut de la volonté pour ne pas céder aux sirènes de la facilité en montant dans sa voiture parce qu'il fait froid ou qu'il pleut ou que je suis fatigué. Il faut trouver la motivation en soi pour changer sa façon de vivre. Me concernant, c'est le fait de mettre mes actes en cohérence avec mes convictions qui me donne la motivation. J'ai des enfants qui devront vivre dans le monde que je leur laisserai. Même si je suis un parmi huit milliards d'humains, je ne peux pas faire "comme si" ma responsabilité était diluée. J'ai une responsabilité quelque soit l'importance des conséquences de ma façon de vivre. C'est une question de conscience.

L'énergie : Je suis en bonne santé, j'ai une vie équilibrée, un travail qui me plaît, je mange à ma faim des aliments de qualité. L'énergie dont il est question ici est une énergie au sens figuré. Cela relève plus de la santé physique et psychique. Je pourrais parler de pulsion de vie au sens philosophique. Cette pulsion qui nous sert de boussole tout au long de notre existence dès lors que l'on reste "aux commandes" de notre vie.

Il n'est pas question ici de donner des leçons à qui que ce soit. Je vois bien à travers mon parcours toutes les difficultés rencontrées ainsi que les ressources nécessaires pour concrétiser cette idée de devenir vélotafeur. J'espère juste donner des clés, faire gagner du temps à ceux qui cheminent et aider ceux qui y pensent pour passer à l'action.

Parlons récompenses !

Au-delà de la satisfaction d'aller dans le bon sens, il y a bien d'autres retombées positives d'un tel choix.

La santé : L'activité physique est un facteur de bonne santé : cœur, poumons, système circulatoire, muscles, tendons, os... C'est l'ensemble de votre corps qui se renforce jour après jour. L'âge avançant, les bienfaits participent à conserver une bonne mobilité, le dynamisme et la souplesse. Certains appareils mesurent votre âge physiologique. Le mien me donne 35 ans alors que j'en ai 50. J'avoue que cela dope mon estime de moi et que cela participe grandement à ma santé psychologique.

La qualité de vie : Sans parler de la santé, mon trajet de 10 minutes du retour a un effet spectaculaire sur le stress professionnel. Lorsque j'arrive à la maison, la coupure est complète. Je retrouve un état de détente et de sérénité. Je vois bien la différence quand je prends ma voiture. Il m'arrive fréquemment de constater que mon esprit continue à être focalisé sur ce qui s'est passé pendant la journée même lorsque je conduis - ce qui ne me rassure pas sur ma concentration pendant la conduite.

Se reconnecter à la nature : A vélo, pas de clim ou de siège chauffant. Dans une voiture, la saison disparaît ! Au guidon d'un vélo, il fait chaud, il fait froid, le vent me pousse ou me ralentit, le Soleil me fait du bien, la pluie me vivifie, les odeurs des fleurs, de la terre mouillée, de l'herbe coupée, le chant des oiseaux dès le mois de janvier, les vols d'étourneaux à l'automne, les arbres verts tendres au printemps, oranges-jaunes ou mordorés à l'automne, leur ramure dénudée pendant l'hiver... rien ne m'échappe. Je vis chaque saison pleinement. Le vélo a ceci d'extraordinaire que sa vitesse de déplacement n'est ni trop rapide ni trop lente. Je n'avais pas vraiment besoin de me reconnecter à la nature, mais cette expérience quotidienne de reconnexion à mon propre corps me fait du bien.

Les économies : Mêmes si finalement ce n'est pas le point central dans ma démarche, cela coûte moins cher d'aller au travail à vélo plutôt qu'en voiture. Je ne suis pas encore allé jusqu'à me séparer de mon véhicule car c'est celui qui permet à ma famille de voyager lors des vacances, mais elle peut rester au fond du garage deux semaines sans rouler. Notre petite citadine suffit amplement aux besoins de déplacements de ma conjointe ou pour faire les courses de la semaine le jeudi. Moins de carburant consommé, moins d'usure des pneumatiques ... A titre d'exemple, un pneu sur ma voiture coûte 115 € et il y en a quatre, un pneu de vélo (haut de gamme) coûte 45 € et je n'en ai besoin que de deux pour plusieurs années d'utilisation. Une chaine coûte 30 €, la mienne a déjà plus de 6000 km et en fera probablement encore autant. Il y a évidemment une mise de départ pour le vélo et les différents équipements, mais passé l'investissement, si vous n'avez pas mégoté sur la qualité, afin d'avoir le confort nécessaire au quotidien, l'entretien ne coûte pas grand chose !

La fierté : Ce terme est connoté, on lui préfère "estime de soi". Mais quelque soit le terme utilisé, il ne se passe pas une semaine sans une réflexion positive, admirative vis-à-vis du choix que j'ai fait. Notre société n'est pas coutumière des compliments, c'est presque suspect... on se dit qu'ils cachent quelque chose, que la personne a un "truc" à nous demander. Alors des compliments gratuits et réguliers, que c'est agréable ! Il y a presque un paradoxe dans ma démarche. En effet, à travers ce blog, je fais la promotion du déplacement à vélo avec en arrière plan l'enjeu du climat, mais si tout le monde suit mon exemple, être vélotafeur deviendra normal et je n'aurai plus tous ces compliments si agréables. Mais c'est tout le mal que je me souhaite !


Article publié sous Licence Creative Common

CC-BY-NC-SA - Christophe RAVEL - mars 2023


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