Cultiver la Biodiversité à la maison

Quel lien entre Biodiversité et climat ?


En 2 mots :  One Health  - Une seule santé


Les conditions nécessaires à la vie telle que nous la connaissons sont nombreuses, mais surtout complètement intriquées aux équilibres qui régulent notre environnement Inutile ici de revenir sur les périls qui nous guettent, l’éco-anxiété est déjà suffisante.

L’idée ici est d’explorer des pistes à l’échelle individuelle qui permettraient de favoriser le phénomène d’aggradation. Ce terme est emprunté à l’agro-écologie où il désigne l’inverse d’une dégradation, d’une détérioration.

En d’autres termes, chacun d’entre nous peut contribuer à soutenir une biodiversité mise à mal par le dérèglement climatique et les activités humaines.

Qu’est-ce que la biodiversité ?

Image

La biodiversité désigne la variété des formes de vie sur la Terre. Cela recouvre aussi bien la variété d’espèces que la variété d’individus au sein d’une même espèce.

Cette variété est le socle de la grande résilience  (capacité à surmonter une altération de son environnement) de la nature. La nature est bien faite est une expression française qui illustre bien cet état de fait.

Les mauvaises herbes appelées joliment herbes folles, illustrent cette capacité de la Vie à trouver son chemin même dans les milieux les moins favorables. Nous y reviendrons plus tard dans cet article.

C’est parti !

Vous disposez d’un jardin (petit ou grand), d’un balcon ou uniquement des appuis de fenêtres, chacun peut agir en adaptant ses actions.

Vous trouverez pêle-mêle des pistes dans ce qui suit.

Ne pas nuire
Herbicides et insecticides contiennent tous deux le suffixe -cide qui signifie frapper, tuer. A l’heure où les mairies n’en utilisent plus, où l’agriculture tente de s’en passer, peut-on encore concevoir d’en utiliser ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que tôt ou tard, ces composés que la nature n’a pas créés, sont peu ou pas dégradés et finissent dans notre assiette.

Le cas des engrais chimiques est un peu différent. En effet, sauf utilisation massive, ils sont peu préjudiciables. Ils interviennent comme un coup de pouce qui favorise certaines plantes faussant la compétition entre végétaux. Le problème est ailleurs. Les engrais chimiques demandent beaucoup d’énergie lors de leur synthèse ce qui ne va pas dans le bon sens. Préférez leur le composte qui participe au recyclage de vos déchets organiques.

Privilégier les plantes indigènes

Dans le numéro de l’écho du lavoir de mars 2021, nous rappelions que l’article R*421-12 du Code de l’Urbanisme ainsi que le PLU de Grandfontaine imposait de planter des essences endémiques de la région en ce qui concerne les haies. Il en sera probablement de même dans le prochain PLUi.

Il y a de nombreux précédents de plantes qui échappent à notre contrôle avec des conséquences pour l’environnement et le biodiversité. Deux cas emblématiques : la renoué du Japon et l’ambroisie à feuilles d’armoise.

Plutôt que d’introduire dans votre jardin la dernière plante à la mode, prenez le temps d’apprendre à connaître la flore local avant de faire votre choix.

Contribuer à la chaine alimentaire

Sources de nectar (plantes mellifères), sources de graines, petites baies… C’est toute une faune qui trouvera à se nourrir au fil des saisons. Ne perdez pas de vue qu’avant d’être papillon, il aura été nécessaire d’être une chenille. Pour être machaon, la chenille a besoin d’une plante hôte comme la carotte, le persil, le cerfeuil, le fenouil, l’angélique, le céleri ou la coriandre.


Ivar Leidus — CC BY-SA 4.0

Plus les plantes seront variées, plus la biodiversité sera grande et plus vous aiderez un grand nombre d’animaux, y compris les insectes auxiliaires, ces précieux alliés du jardinier.

Offrez le gîte

Que ce soit le jour ou la nuit ou à la mauvaise saison, la faune a besoin d’abris. Multipliez les milieux : tas de pierres, tas de bois, empilements de tuiles, fagots de rameaux, murs de pierres sèches, composteur, zones sans intervention de votre part, cavités dans un parpaing, plantes grimpantes, buissons, tas de feuilles mortes, mousse, rocaille, arbres…

Plus artificiel mais une alternative intéressante tout de même, vous pouvez installer des nichoirs pour les oiseaux, les chauves-souris ou encore les hôtels à insectes.

RAVEL Christophe - 2023 - CC-BY-NC-SA

Les hérissons sont des voisins sympathiques. Moyennant un refuge pour la mauvaise saison comme un tas de feuilles mortes dans un coin, il se chargera de consommer limaces et escargots. Cette régulation est appréciée des jardiniers !

          Un hérisson  passe chaque hiver dans cette accumulation de feuilles mortes                   RAVEL Christophe - 2023 - CC-BY-NC-SA

Cas du point d’eau

Beaucoup d’ouvrages recommandent d’offrir un point d’eau. Il est vrai qu’une mare est un plus en terme de biodiversité. Mais il y a un MAIS de taille, il s’appelle Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique tigre. La France métropolitaine se mobilise pour endiguer sa progression sur le territoire. Vous avez certainement vu des affiches appelant à éviter de laisser de l’eau stagnante en extérieur.

Toutefois, il faut faire une différence entre une mare vivante et une flaque ou un arrosoir contenant de l’eau.

Dans une nouvelle mare, il arrive que les moustiques s’établissent rapidement. Mais le problème ne devrait pas durer car d’autres espèces, prédatrices, vont réduire leur population rapidement. Les punaises et coléoptères aquatiques arriveront les premiers par les airs : dytiques, hydrophiles ou encore notonectes, naucore et corise. Viendront ensuite les gerris, les girins et pour finir les larves de libellules et les têtards. Dans une mare naturelle, les moustiques sont très vite chassés.

Notonecte et Dytique  :  Bernard DUPONT   CC BY-SA 2.0

Respecter de la faune

Peu d’animaux sauvages sont tolérants au bruit et il en est de même de la lumière pour les nocturnes. L’extinction de l’éclairage publique n’a pas pour seule conséquence une économie d’énergie, c’est aussi moins de pollution lumineuse pour les espèces nocturnes.

Si vous avez repéré un nid d’oiseaux, un refuge d’hérissons, un dortoir de chauves-souris, ne les dérangez pas.

Avec de la patience, du soin et de la tolérance, vous aurez peut-être la chance d’héberger un écureuil, une fougère, une mante religieuse, un orvet, une nichée de mésanges charbonnières, maman hérisson et ses rejetons, un fuseau strié (escargot), un argus bleu…

Un safari aventure à votre porte !

Article publié sous Licence Creative Common

CC-BY-NC-SA - Christophe RAVEL - août 2023


Bénéfice inattendu de mon premier petit déjeuner du Club Climat